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"Askip" mon enfant est plus visuel qu'auditif

"Askip" mon enfant est plus visuel qu'auditif

Qui n’a jamais entendu dire que le cerveau droit serait le siège de la créativité ? Que l’écoute de Mozart rendait plus intelligent ? Ou encore qu’il était possible d’apprendre en dormant ? Sachez que toutes ces affirmations sont en réalité des mythes, ou plus précisément des neuromythes. La distinction entre les enfants visuels et auditifs n’échappe pas à la règle et vient gonfler cette longue liste de croyances autour de notre cerveau. Décryptage d’une légende urbaine, bien rodée, sur notre encéphale.

Une théorie des années 1970

Avant de comprendre pourquoi la classification des individus selon les sens est un non-sens, justement, revenons sur la définition même de ces deux profils. L’enfant visuel, tout d’abord. On le dit souvent curieux, éveillé, très tôt dans l’action et en mouvement perpétuel. C’est un sujet qui serait très sensible aux images, aux schémas mais aussi aux puzzles ou encore aux QCM.  L’enfant auditif, lui, est plus calme, souvent dormeur et plutôt introverti. Il serait plus réceptif à la musique ou aux jouets sonores. Ces deux profils sensoriels ont été théorisés dans les années 1970 par le Dr Raymond Lafontaine, médecin en neurologie infantile à l'hôpital Sainte-Justine de Montréal.

Autour de ces profils ont été théorisés différents types de méthodes d’apprentissage qu’on appelle communément le modèle VAK. Comprenez ici, Visuel, Auditif et Kinesthésique – le dernier étant une troisième typologie plus récente d’enfant très sensible, voire empathique, et surtout très tactile. Selon ce modèle VAK, les méthodes d’instruction, de mémorisation et d'éducation ne peuvent être les mêmes selon si on s’adresse à un élève auditif, visuel ou kinesthésique. Les uns ne pourraient comprendre, apprendre et retenir de la même façon que les autres. Les modalités d’apprentissages devraient donc être adaptées au profil sensoriel de l’enfant.

caleb woods enfant en train de jouer

Une théorie que réfute totalement Albert Moukheiber, docteur en neurosciences et psychologue clinicien. Pour ce dernier, ces trois types d’enfants n’existent pas, ou plutôt ne peuvent être classifiés uniquement sur la base d’un sens prépondérant. “Les individus sont de fait multi-sensoriels et ne privilégient pas consciemment ou par nature un sens à un autre”, explique le scientifique.

Être visuel, auditif ou kinesthésique n’est pas le fait de l’individu lui-même mais plutôt du milieu et du contexte d’apprentissage dont il fait l’objet.” 
Albert Moukheiber

En d’autres termes, un enfant est tantôt visuel, tantôt auditif, et parfois même kinesthésique. Il peut tout aussi bien être les trois à la fois. Le réveil d’un sens plutôt qu’un autre, ou même de plusieurs sens à la fois, n’est donc pas fonction de la “nature” de son cerveau mais plutôt de l’environnement dans lequel il développe ses connaissances. “La bienveillance du professeur, la clarté des consignes, la précision des explications ou encore l’intonation de l’instructeur lors de l’apprentissage sont autant de facteurs qui vont guider l’enfant dans l’assimilation de nouveaux concepts”, explique le psychologue clinicien.

benson low groupe d'enfants

Nous sommes tous des êtres multi-sensoriels

Mais comment explique-t-on alors la popularité de ce neuromythe ? “C’est une croyance qui s’inscrit dans ce que l’on appelle communément aujourd’hui la psychologie naïve”, raconte Albert Moukheiber. Aussi appelée “psychologie du sens commun”, elle nous permet d'expliquer tous nos comportements par nos certitudes, nos désirs ou nos sentiments. À partir de ces explications, on tire des théories sur le cerveau humain dans sa globalité. “On se fait tout simplement une fausse idée de soi-même”, résume le scientifique.

Dans le cadre précis du modèle VAK, on trouve aussi une véritable économie derrière les méthodes d’apprentissages par typologie de sens. Tests pour distinguer le profil de son enfant, outils éducatifs différenciés, ouvrages de référence ou encore formations spécifiques, il y a évidemment aussi une démarche mercantile derrière une telle classification du cerveau dès le plus jeune âge. Plus on classifie les cerveaux, plus il est aisé de vendre à ceux qui veulent le comprendre des méthodes adaptées. Pourtant, “plus on est sensoriel, plus on apprend”, selon Albert Moukheiber.

Pour s’émanciper des enjeux commerciaux, faites donc plutôt confiance aux cerveaux de vos enfants et à l’incroyable boîte à outils qui va avec, dès le plus jeune âge.

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