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La science derrière l'histoire du soir

La science derrière l'histoire du soir

Vous pensez tout savoir sur les bienfaits de la lecture partagée avec les enfants ? Nous aussi, et pourtant…

Vous faites peut-être partie des 46 % de parents français qui lisent une histoire par jour à leurs enfants. Ou alors vous faites comme les Américains, qui sont 81 % à lire avec leur progéniture au moins quatre fois par semaine. Ou bien vous êtes plutôt team Angleterre, où en 2013 seuls 13 % des parents lisaient une histoire tous les soirs. En tous les cas, que vous soyez lecteur du dimanche ou championne du monde d’histoire du soir, on parie qu’on peut vous apprendre deux-trois choses sur ce sacro-saint rituel.

Lire à quel âge ?

D’abord, à quel âge commencer à lire avec son enfant ? Parmi les parents français qui ne lisent pas avec leurs tout-petits, 30 % pensent qu’ils sont trop jeunes pour comprendre, selon une enquête Ipsos. Or, ce n’est pas parce que les enfants ne comprennent pas qu’il ne sert à rien de lire avec eux – au contraire !

En effet, lire ensemble régulièrement à partir de l’âge de huit mois aura un effet sur l’acquisition du langage oral observable à douze et dix-huit mois, comme le rappellent les chercheurs Joanna Blake et Nicholas Maiese. Pourquoi huit mois ? Parce que dès qu’un bébé sait se tenir assis, il est capable de “communication triadique”, c’est-à-dire d’interagir avec l’adulte à propos d’un objet extérieur – dans ce cas précis, le livre. Et cette dynamique est cruciale pour le développement du vocabulaire.

Et puis lire ensemble, c’est un joli rituel qui renforce le lien parent-enfant – et ça marche à tout âge. Selon une étude commandée par l’éditeur jeunesse Wonderbly en 2020 aux États-Unis, 15 % des parents ont commencé à lire des histoires à leur bébé avant même la naissance, et 20 % dès leur arrivée au monde. Une idée pas idiote, quand on sait que l’ouïe est le sens le plus développé chez le fœtus – et qu’il est donc capable dès la naissance de reconnaître la voix de ses parents.

À l’autre bout du spectre, jusqu’à quel âge lire à ses enfants ? Là aussi, il n’y a pas de limite. Certains s’arrêtent quand l’enfant sait lire, d’autres jouent les prolongations – 10 % des mêmes parents américains continuent au-delà des treize ans de leur enfant !

Lire pour apprendre à parler

Revenons plus en détail sur cette histoire de vocabulaire. La lecture parent-enfant est un outil d’acquisition du langage très bien documenté. Et c’est important, parce que les inégalités face à la langue s’ancrent très tôt : à 6 ans, un enfant devrait maîtriser environ 1000 mots – mais certains n’en maîtrisent que 500, quand d’autres en possèdent jusqu’à 2500. Or, “de nombreuses études ont mis en évidence que les connaissances en vocabulaire étaient l’un des meilleurs prédicteurs d’une aptitude verbale générale”, comme le rappelle un article académique publié dans le Bulletin de psychologie.

En gros, mieux on maîtrise le vocabulaire, mieux on peut s’exprimer ; et pour bien maîtriser le vocabulaire, la lecture partagée est ultra-efficace ! En plus, cette bonne habitude prépare aussi les enfants à une meilleure compréhension de l’écriture et améliore leur capacité à raconter une histoire, toujours selon les chercheurs Joanna Blake et Nicholas Maiese.

Lire pour être plus proches

Mais il n’y a pas que le développement cognitif dans la vie ! Ça tombe bien : le rituel de l’histoire du soir fait aussi des merveilles pour la relation parent-enfant et la confiance en soi.

D’abord parce qu’on explore ensemble le monde en toute sécurité : de la même manière que le livre contient l’histoire, la présence physique du parent “contient” l’enfant et le rassure. Comme le rappelle la psychologue Nathalie Virnot dans Pomme d’api, “la lecture constitue un temps suspendu, une parenthèse dans laquelle on fait une place toute particulière à l’enfant. C’est un temps où on reconnaît ses choix : il choisit l’histoire, décide de revenir en arrière, de s’arrêter sur une image…” Et puis, en lisant ensemble, on se construit une culture familiale : des souvenirs et des références communes que l’enfant portera avec lui toute sa vie, selon le psychanalyste Evelio Cabrejo Parra.

Lire pour bien grandir

La lecture du soir donne aussi à l’enfant de bonnes habitudes pour le reste de sa vie, comme le rappelle cet article de Parents. On crée un rituel de coucher qui aide à se calmer et à s’endormir ; on lui apprend à apprécier un temps calme. Pour les adultes, c’est aussi un moment sans écrans et une préparation au repos du soir. D’ailleurs, l’étude de Wonderbly révèle que 36 % des parents estiment que c’est le meilleur moment de qualité de toute la journée !

Pour les enfants qui ne tiennent pas en place, la lecture peut aider à améliorer l’attention et la concentration : elle demande d’être à la fois alerte et attentif et cultive la patience (il faut aller au bout du livre pour savoir comment il se termine !), comme l’écrit la journaliste Hélène Bour. Ces comportements se cultivent sur le long terme… une histoire du soir à la fois.

Enfin, lire avec un enfant augmente les chances qu’il partage cet intérêt avec son parent plus tard ! La recherche montre que les enfants à qui on lit beaucoup sont ceux qui le réclament le plus. De plus, les enfants apprennent par mimétisme : s’ils voient leurs parents lire souvent, ils auront envie de reproduire ce comportement. Alors pour faire des amoureux des livres, vous avez compris : ça commence au berceau !

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